En 2023, dans l’opacité la plus totale, la ville de Béziers a été retenue dans le cadre d’un appel à projet pour la création d’un Centre de Rétention Administrative de 140 places. Cette implantation dans le quartier du Gasquinoy, à côté de la prison, qui bénéficie du fervent soutien de Robert Ménard, maire de Béziers, s’inscrit dans le « plan CRA » du gouvernement visant à porter à 3000 le nombre de places de rétention administrative au niveau national. Organisations et citoyen.n.es se sont réunies à BEZIERS pour s’opposer à ce projet.
Un projet inhumain, inefficace et coûteux
La construction d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Béziers-Gasquinoy représente une menace grave pour les droits humains, la cohésion sociale et la bonne utilisation de l’argent public. Ce projet, mené dans l’opacité la plus totale, s’inscrit dans une politique migratoire répressive qui piétine les valeurs fondamentales de solidarité et de justice.
1. Un enfermement injuste pour des personnes sans papiers
Les CRA sont des lieux d’enfermement administratif pour des personnes étrangères dont le seul tort est de ne pas avoir de titre de séjour. Elles y sont privées de liberté, parfois pendant plusieurs mois, sans avoir commis de crime. À Béziers comme ailleurs, nous refusons cette logique d’exclusion qui criminalise la précarité administrative.
2. Des conditions de vie indignes et traumatisantes
Les rapports officiels et les témoignages dénoncent les conditions de rétention : promiscuité, insalubrité, violences policières, accès limité aux soins, isolement… Des hommes, des femmes, parfois des enfants, sont exposés à des souffrances psychiques et physiques graves. La France a déjà été condamnée à plusieurs reprises pour ces violations des droits humains.
Monsieur B. souffre de douleurs dentaires importantes et a demandé à bénéficier d’autres visites. Le parloir où le bénévole le rencontre est très sale, avec une pile de vêtements qui traînent par terre et un matelas contre le mur. Monsieur B est retenu au CRA depuis 70 jours. Après sa libération, il envisage d’aller en Espagne où « c’est plus facile ». Il a de l’argent pour commencer son voyage. Il est au premier étage dans une chambre à deux et s’entend bien avec son voisin de chambrée. Il ne se plaint pas de ses conditions de rétention, participe aux séances avec le coach sportif et aime jouer au baby foot. Il communique avec sa famille en se faisant prêter un téléphone. Bien qu’il souffre d’une dent depuis quinze jours, surtout la nuit, il n’a jamais été amené en consultation auprès d’un dentiste de l’hôpital de Sète. Il n’a pas vu de médecin non plus, seulement les infirmières. Le bénévole constate qu’il a une dent brisée et le signale au médecin du CRA. « Mais c’est la PAF qui gère la file d’attente des consultations vers l’hôpital… »
Témoignage d’une bénévole
3. Un outil inefficace au service d’une politique d’affichage
En 2024, plus de la moitié des personnes enfermées en CRA n’ont pas été expulsées. Le placement en rétention ne permet donc pas d’atteindre les objectifs affichés par les autorités. Il s’agit surtout d’un outil de communication politique, qui donne l’illusion d’une fermeté migratoire, tout en produisant de la souffrance et du chaos.
4. Un gaspillage d’argent public
La construction du CRA de Béziers est estimée à 40 millions d’euros. À cela s’ajoutent les frais de fonctionnement (environ 600 € par jour et par personne), l’engagement de 200 policiers, la construction d’un stand de tir et d’un dojo… Autant de ressources qui pourraient être investies dans des services publics utiles à toutes et tous : santé, éducation, culture, logement.
5. Un projet sans concertation, imposé au mépris de la démocratie locale
Ni débat public, ni délibération municipale : le projet a été imposé dans le dos des habitant·es, avec le soutien actif du maire de Béziers. Ce passage en force trahit une logique autoritaire qui ignore les besoins réels de la population locale.
6. Une fabrique institutionnelle de sans-papiers
La multiplication des obligations de quitter le territoire (OQTF), sans perspective réelle d’expulsion, produit un « stock » de personnes en situation irrégulière. Cette politique délibérée crée de la précarité, de l’angoisse et une zone grise administrative. Les CRA ne sont qu’un maillon de cette machine d’exclusion.
7. Un symbole de régression pour la France des droits humains
La création de nouveaux CRA est une régression majeure pour un pays qui se dit « patrie des droits de l’Homme ». Enfermer, exclure, maltraiter au nom d’une politique migratoire inefficace revient à fragiliser notre démocratie, à saper le vivre-ensemble, et à banaliser la violence institutionnelle.
Béziers mérite mieux
Plutôt qu’un CRA, nous appelons à investir dans des projets qui renforcent la solidarité, l’éducation, la culture et la justice sociale. Le refus de ce centre de rétention est un acte de résistance citoyenne pour une ville plus humaine et plus accueillante.
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Non aux CRA, ni à Béziers ni ailleurs.